Cet encart de quelques lignes ayant pour sujet « Actualité française » circule sur internet, nous avons projeté de vous le livrer sans attendre.
Dès aujourd’hui, vous pouvez admirer la baie de Naples et Capri à travers les yeux de la jeune et mystérieuse Parthenope, un nom de sirène qui convient au nouveau film du cinéaste napolitain Paolo Sorrentino. Un petit tour à Londres s’impose avec le polar d’espionnage de Steven Soderbergh, qui vit maintenant sur les bords de la Tamise et a réuni un beau duo de cinéma : Cate Blanchett et Michael Fassbender. Faites aussi un crochet par Las Vegas où Pamela Anderson incarne The Last Showgirl, une danseuse de revue confrontée à la fin d’un monde.
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De son côté, la réalisatrice Constance Tsang ouvre les portes du Blue Sun Palace, un salon de massage du Queens, à New York, où des immigrées chinoises triment dans l’espoir d’une vie meilleure. Enfin dans la série des films sur l’école, La Convocation du réalisateur norvégien Halfdan Ullmann Tondel confronte des parents à un faux incident entre deux camarades d’école. Changement de registre avec Black Box Diaries au Japon, un documentaire coup de poing qui raconte l’histoire de la réalisatrice, Shiori Ito, victime d’une agression sexuelle et mise au ban de la société.
« Parthenope » ✭✭✭✭ : lumineuse beauté
De sa naissance dans les années 1950 jusqu’à nos jours,
Paolo Sorrentino (oscarisé pour
La Grande Belleza en 2014) dresse avec brio le portrait enlevé de quelques âmes symboliques de Naples et d’une mystérieuse femme au nom de sirène, Parthenope, éprise de liberté et d’absolu. Au fil d’images sublimes de Capri et de la baie de Naples, il signe un long poème mélancolique sur l’amour, le temps qui passe, la fragilité de la vie, le sacré et le païen. Un film d’une lumineuse beauté porté par des comédiens exceptionnels, avec, en tête, la belle Celeste Dalla Porta en héroïne désillusionnée, son double plus âgé, Stefania Sandrelli, icône du cinéma italien des années 1970, et Gary Oldman en écrivain américain à la dérive.
« The Insider »✭✭✭✭ : un régal !
Voilà un super thriller d’espionnage, porté par un étrange couple d’agents secrets anglais (Cate Blanchett et Michael Fassbinder ) qui ont des méthodes peu orthodoxes pour débusquer les taupes. Un drôle de jeu concocté en virtuose par Steven Soderbergh ( Traffic, Ocean’s Eleven) qui, après Kimi et Presence, retrouve David Koepp, le scénariste de Mission : impossible. Autant dire du solide dans cette intrigue à tiroirs où s’entremêlent trahison, patriotisme et dilemmes personnels déchirants : protéger son pays ou sauver son couple ? Atmosphère feutrée et menaçante, dialogues codés, rebondissements et fausses pistes en série, personnages troubles (mention spéciale à l’ex-007 Pierce Brosnan en patron du renseignement), on se laisse vite prendre par un suspense complexe, aiguisé et non dénué d’un humour à froid, très british. Un régal !
« The Last Showgirl »✭✭✭✭ : dernière séance
Dans la famille Coppola, on demande la petite-fille (de Francis Ford) et nièce (de Sofia) : Gia Coppola, 38 ans, signe ici son troisième long-métrage, très remarqué surtout parce qu’il donne un rôle inattendu à Pamela Anderson, ex-bimbo siliconée de la série Alerte à Malibu devenue ces dernières années présentatrice d’émissions sur le jardinage et ambassadrice d’un look sans maquillage ni décolletés plongeants. L’histoire se passe à Las Vegas où l’héroïne, Shelly, est la star d’une revue à l’ancienne (comprenez seins nus, en strass et paillettes) intitulée « Le Razzle Dazzle ».
On suit Shelly dans sa vie quotidienne, entre ses collègues plus jeunes qui la voient comme une figure maternelle, une fille jeune adulte avec qui les rapports sont difficiles (préférant se consacrer à la revue, elle a laissé une autre famille l’élever), et un homme avec qui une histoire pourrait se renouer. Pamela Anderson s’inspire de Marilyn Monroe pour jouer une Shelly toute en sex-appeal mêlé d’innocence blessée, et le film un peu bancal, un peu fragile, reste en tête pour ce portrait et pour la vision inattendue du Las Vegas des gens qui y travaillent et y vivent.
« Berlin, été 42 »✭✭✭✭ : destin tragique
Voici un film éprouvant mais qui raconte bien un moment mal connu de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale, celui du réseau L’Orchestre rouge. Hilde Coppi (Liv Lisa Fries) est une jeune femme amoureuse et enceinte quand elle est arrêtée – dès les premières images du film – par la Gestapo. Des allers-retours avec un passé récent nous font découvrir son engagement dans la Résistance – avec son mari Hans Coppi – au sein du réseau L’Orchestre rouge, un groupe hétéroclite de jeunes gens, communistes pour certains, déterminés à lutter contre le régime nazi.
« J’ai grandi en Allemagne de l’Est, où l’on glorifiait les résistants. Ils étaient comme des divinités qui vous donnaient inévitablement l’impression d’être petit, pathétique et lâche. Vous vous disiez : je ne pourrai jamais être aussi héroïque », raconte le réalisateur Andreas Dresen. D’où son parti pris de rendre au contraire ces résistants très humains, de montrer leurs peurs, leurs préoccupations, leurs relations pas toujours faciles. Ce qui fait de Berlin, été 42 un film important.
« La Convocation »✭✭✭ : sombre huis clos
Halfdan Ullmann Tondel n’est pas le petit-fils d’Ingmar Bergman et de Liv Ullmann pour rien. Il aime scruter les visages, s’attarder sur les objets et les décors, cultiver les clairs-obscurs, les plans sophistiqués et une sorte de froideur clinique. Dans son premier film,
La Convocation (caméra d’or à Cannes 2024) il signe un drame psychologique sombre, tendu, sorte de huis clos qui a pour cadre une école où règne le politiquement correct. Pas de vagues, pas de mots qui fâchent. Tout doit être lisse dans cette espèce de tribunal feutré.
Le titre original, Armand, est celui d’un garçon de 6 ans accusé de violences sexuelles sur un camarade de classe, Jon. Sa mère, Elizabeth – Renate Reinsve, révélée dans Julie (en 12 chapitres) –, actrice de renom qui l’élève seule, est convoquée par le directeur, la psychologue et l’institutrice pour une confrontation avec les parents de la victime. Que s’est-il réellement passé ? Pas ce qui est raconté, apparemment. Tout se passe entre adultes, en l’absence d’Armand et de Jon qui n’ont pas la parole.
Chacun a ses arguments mais la vérité est ailleurs, vers la fin du film qui renvoie chacun à sa propre condition et à ses préjugés. Halfdan Ullmann Tondel observe ses personnages sans prendre parti, transformant l’école en un lieu lugubre et inquiétant. Vous savez dit malaise ?
« Black Box Diaries »✭✭✭✭ : croisade solitaire
Cela fait dix ans que la vie de Shori Ito a basculé. En 2015, alors qu’elle est une simple stagiaire à l’agence Reuters à Tokyo, elle subit un viol après avoir été droguée lors d’un rendez-vous avec Noriyuki Yamaguchi, journaliste, ancien directeur de chaîne télévisée et proche du Premier ministre de l’époque, Shinzo Abe. Elle tente de porter plainte, est plusieurs fois découragée avant d’y parvenir… et puis la plainte est classée sans suite.
Tout ceci, Shori Ito le raconte, images à l’appui car elle a les images de surveillance où on voit l’homme la ramener dans son hôtel, celles de la conférence de presse qui a fait éclater le scandale au Japon, elle a aussi tourné des vidéos où elle se confie… Aujourd’hui, Shori Ito, qui a subi un harcèlement en ligne d’une rare violence à cause de son combat, vit en Angleterre et refuse de parler japonais. Son film est une plongée étonnante dans une société où le silence des victimes était jusque très récemment la norme. C’est aussi l’autoportrait très fort d’une survivante.
« Blue Sun Palace »✭✭✭ : visages de l’immigration chinoise
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La réalisatrice Constance Tsang a grandi à Flushing, un quartier entièrement du Queens où vivent plus de 70 000 habitants d’origine asiatique. Elle nous fait plonger dans la réalité quotidienne de plusieurs femmes qui travaillent au salon de massage Blue Sun Palace et sont confrontées à la monotonie du quotidien, la surcharge de travail, l’exiguïté des lieux (elles y dorment et y vivent), et les avances sexuelles des clients. Le film pose un beau regard sur ces personnages – surtout quand un deuil inattendu les frappe. On ressent la solitude de ces gens toujours écartelés entre deux mondes, la difficulté des rapports avec ceux qui sont restés au pays mais aussi la fragilité des liens tissés sur place. Dommage qu’un parti pris formel un peu rigide (de très longs plans séquences) empêche parfois la vie de circuler.
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